… En finir avec la défense inconditionnelle de l’école publique.
mercredi 9 avril 2008 par pie.XII@pontif.vat
En finir avec la défense inconditionnelle de l’école publique.
Ce n’est pas la première fois qu’un mouvement lycéen vient barrer la route à une réforme, lesquelles émanent souvent directement du/de-la ministre concerné-E et/ou du parti majoritaire, l’assemblée n’ayant alors plus qu’un rôle de validation quand elle n’est pas elle-même squeezée par le 49.3 qui permet de faire passer une loi en force. Dans la rue, cette opposition prend alors la forme d’une défense inconditionnelle du système éducatif, l’idéalisant, suggérant que « plus de moyens » seraient la réponse à tous ses maux. Rares sont les mouvements revendiquant de réels changements dans cette institution, voir mettant en cause la suprématie du monde scolaire sur le processus d’apprentissage. Or une chose est manifeste : nous apprenons parfois beaucoup plus sur les piquets de grève, dans les discussions qui s’amorcent entre chacun-E-s, en mettant en place des ateliers, que dans les salles de cour où nous passons en moyenne plus de temps (éveillé) que nulle part ailleurs.
Le contenu de l’enseignement y est en général conditionné par la nécessité de sélection et les apartés sont rares en raison de la préparation pressante au BAC qui impose aux profs de coller de près aux programmes. Pour qui souhaite voir s’ouvrir devant lui les « portes » des « grandes écoles » le lycée est au mieux un « passage » obligé. Au pire il est, pour qui ne possède pas cette ambition, un calvaire interminable dans un monde hiérarchisé, où quelques valves démocratiques (CVL) font miroiter un semblant de convivialité (carnavals, caféteria, clubs).
Les élèves infantilisé-E-s ou « maintenu-E-s » artificiellement dans l’enfance se considèrent majoritairement comme tels. Et ça ne semble choquer personne lorsque l’administration placarde les murs d’interdictions sous peine de sanctions qui pourrait être remplacés par une responsabilisation des individus. Par exemple il est interdit de boire son café en dehors du carré de 4 mètres que constitue l’espace caféteria. Le problème posé étant la saleté dans l’établissement. Alors que la mise à disposition d’une éponge serait une solution évidente, les demandes pour l’obtenir ont été systématiquement rejetées. Ainsi les lycéen-NE-s sont-ils maintenu-E-s, par une multitudes de détails au quotidien, dans un abrutissement, une soumission et une dépendance totale à l’administration du lycée par l’intermédiaire de son règlement.
Venir étudier n’a rien d’agréable. Il faut endurer, aux heures de pointe, de 5 minutes à pied à 1 heure de tram bondé de collégien-NE-s bruyant-E-s et de travailleur-EUSE-s ronchon-NE-s. Les radios locales beuglantes de publicités crétines imposées dans les transports en commun, les sonneries de portables… Ces heures là sont des heures perdues. Si le réveil a sonné un peu tard ou que le bus est bloqué à un carrefour, vous allez connaître le rituel du retard. Ou comment perdre 20 minutes pour un retard de 3 minutes. Il vous faut passer au bureau de « vie scolaire » qui s’affole déjà pour appeler vos parents, et y faire tamponner un « billet » qui vous autorise à entrer en cour. Encore faut-il vous faire accepter par le prof. Rares sont les lycéen-NE-s qui vont en cour par intérêt personnel. Le mécanisme sournois des absences repose sur la crainte des parents. Le lycée est en perpétuelle intrusion dans la vie familiale de l’élève, ses rapports avec ses parents sont essentiellement basés sur lui. Présence = pas d’absence = pas d’incursion dans la famille.
Lorsqu’on décroche dans une matière, ce sont des heures que nous passons à attendre connement la sonnerie alors qu’elles pourraient être mises à profit pour rattraper son retard ou pour faire autre chose. Après les cours, la plupart des lycéen-NE-s éprouvent une répulsion pour toute forme de culture. Il est aberrant, par exemple d’aller assister à un exposé sur l’agriculture intensive et les OGM. Toute activité intellectuelle extra-scolaire est perçue comme une charge de cours supplémentaire. Dans « deschooling society », Ivan Illich écrivait quelque chose comme « tandis que l’école affirme son exclusivité en matière d’éducation, le reste du monde a perdu toute valeur éducative ».
Voilà en partie pourquoi il me semble que cette école n’est ni idéale ni justifiable. Je n’ai pas développé davantage car il existe quantité de brochures sur le sujet. Voir notamment les sites :
http://tomate.poivron.org/
http://infokiosques.net/imprimersan…
Aussi paraît-il urgent d’associer aux revendications actuelles (maintien des effectifs, maintien des BEP) un vrai projet alternatif pour l’éducation. Un premier pas serait, selon moi, la mise en place d’une vraie démocratie lycéenne, directe et souveraine.
Un-E Lycéen-NE