Une affaire de garçons ?

Les filles ne jouèrent qu’un rôle minime dans la grève, sans doute parce qu’elles étaient plus étroi­tement surveillées et contrôlées par leurs mères. Deux comptes-rendus seulement les mentionnent. À Portsmouth : « 150 garçons et filles de deux écoles municipales défilèrent à travers les rues et se rendirent dans les autres écoles alentour pour recruter » (The Times, 15 septembre).

En Écosse, les filles de Kirkaldy et Cambuslang se montrèrent plus militantes que les écolières d’Angleterre ou du Pays de Galles. Sans doute parce que le système édu­catif écossais était beaucoup plus égalitaire, en ce sens qu’il encourageait les filles aussi bien que les garçons à obtenir une éducation de bon niveau. C’est pourquoi les filles prenaient part à toutes les activités scolaires y compris les grèves.
Les femmes avaient joué un rôle de premier plan pendant les grèves de l’« été chaud » 1911 : non seulement elles avaient poussé leurs maris à faire grève, mais elles les avaient soutenus activement en manifestant et en se battant avec eux. Mais aussi bien l’école n’était-elle pas perçue par les mères de famille comme l’école des flics et des patrons ; leur comportement exprime au contraire tout ce que les classes populaires avaient fini par investir dans le maigre savoir distribué par l’école.