La grève fut pour les enfants un moyen d’exprimer leurs sentiments, elle fut surtout une sorte de fête. Les photos montrent des visages heureux et souriants, et les journaux ont beau faire preuve de prévention, les compte rendus des faits donnent une description des grévistes qui laisse percevoir cet aspect de « fête de la liberté ».
« À Sunderland, les enfants, tous nus pieds, portaient une énorme branche d’arbre », dont l’Illustrated Chronicle semble penser qu’elle avait une signification mystique. Les écoliers de Pollock, Glasgow, défilèrent aussi dans les rues avec des branches d’arbre « en frappant sur des bidons de fer-blanc » (Greenock Telegraph, 15 septembre). De même à Airdrie, les enfants avaient apporté dans les rues par centaines des sifflets et des boîtes de conserve sur lesquelles ils frappaient et, à Southampton, ils formèrent des orchestres avec des harmonicas et une énorme baignoire en métal qui leur servait d’instrument à percussion. À Manchester : « un grand nombre d’enfants se rassemblèrent au voisinage de la gare d’Oldham Road, et ils battirent la retraite sur les palissades de bois et les panneaux publicitaires » (The Herald, 16 septembre). Dans les quartiers industriels, les enfants écrivaient leurs revendications à la craie sur la chaussée ou bien distribuaient des tracts, surtout ils parcouraient les rues en chantant au son des sifflets et des harmonicas « une, deux, les garçons sont en marche » et « viens-t’en et suis-moi », le chant de grève le plus populaire dans tout le pays. Les grèves ne furent pas toutes violentes. À Hartlepool, les garçons marchèrent le long de la plage et pique-niquèrent. Ailleurs, ils allèrent à la rivière nager, parfois ils s’asseyaient simplement en rond pour discuter, ils jouaient aux petits soldats et défilaient en chantant des chants patriotiques, à Northampton les grévistes allèrent cueillir des mûres, partout ils s’amusèrent à composer des chansons, paroles et musiques. Ils montrèrent de l’imagination et de l’originalité, témoignant que «malgré l’étouffoir scolaire, leurs esprits n’avaient pas été détruits par la grise monotonie des salles de classe et contenaient encore des idées comme la boîte de peinture des couleurs».
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